Eadwaerd Muybridge: de la photographie au film

Eadweard Muybridge: le premier hipster

Ce n’est cependant pas la raison pour laquelle nous avons choisi de donner son nom à notre agence. Eadweard Muybridge était à la fois libraire, photographe, fabulateur, animateur, scientifique, meurtrier, inventeur et showman. Il fut le premier motion designer, mais aussi le premier projectionniste. Il portait une longue barbe. Mais pourquoi donc avoir décidé de baptiser notre agence « MUYBRIDGE » ?

Tout d’abord, nous aimons experimenter, à l’image d’Eadweard Muybridge. Les collaborateurs de MUYBRIDGE furent parmi les premiers à découvrir Internet en Belgique, en 1995. En 1999, nous avons déjà créé des univers virtuels en 3D et, en 2006, des vidéos interactives sur internet.

Ensuite, nous sommes férus de qualité comme ce grand photographe et n’entendons faire aucune concession, même si nous devons pour cela aller puiser au plus profond de nous.

Pour finir, nous sommes, à son instar, partisans de la créativité et de ce « petit grain de folie » qui fait toute la différence. Nous souhaitons toujours obtenir les résultats les plus surprenants.

De photographe à motion designer

Le caméléon éternel

Il se faisait appeler Eadwaerd Muybridge, Edward Muggeridge, Edward Muygridge ou encore Eduardo Santiago Muybridge. Il fut enterré sous le nom d’Eadweard Maybridge, un dernier nom qu’il n’avait pas choisi lui-même.

Eadweard Muybridge en 7 étapes

Eadweard Muybridge quitte l’Angleterre en 1850 pour s’installer aux États-Unis. Il disparaît des radars pendant 5 ans pour se reconvertir en tant que libraire. Un accident avec une diligence lui cause des lésions cérébrales permanentes, à la suite desquelles il perd le goût, l’odorat et ce qui lui restait de maîtrise de soi. Mais Eadweard Muybridge en ressort aussi plus spontané et désinhibé, ce qui profitera à sa carrière d’artiste et d’inventeur.
Il se spécialise dans la photographie et devient rapidement une célébrité. Ses clichés sont plus dramatiques que les photographies sans détour de l’époque. Eadweard Muybridge met ses sujets en scène. Il place ses acteurs à des endroits stratégiques de la composition et ajoute volontairement des ciels nuageux tourmentés au-dessus de ses paysages. Il fait abattre des arbres lorsqu’ils se trouvent sur son chemin et ne recule devant aucun risque – ses assistants n’osent d’ailleurs pas le suivre dans les endroits les plus dangereux. Eadweard Muybridge est, en outre, mordu d’innovations techniques, telles que la photographie stéréoscopique.
En 1872, le gouverneur de Californie commande des photographies afin d’apporter une réponse définitive au mouvement du cheval au galop : se soulève-t-il réellement du sol ? L’œil humain est alors trop lent pour le dire. Avec ses ingénieurs, Eadweard Muybridge développe une technologie révolutionnaire, à l’aide de 24 caméras placées côte à côte. Les obturateurs – dotés d’une vitesse d’obturation de 1/2 000 seconde – sont déclenchés un par un, grâce à des cordes reliées au cheval qui évolue devant les objectifs. Le mouvement est ainsi enregistré avec précision. Eadweard Muybridge perfectionne ce procédé pendant douze années, à l’issue desquelles il parvient à projeter les images en mouvement via son zoopraxiscope. C’est la naissance du premier film.

Eadweard Muybridge, le photographe irascible, assassine plus tard l’amant de sa femme. Il plaide coupable, mais le jury refuse de le condamner ou de le juger irresponsable afin de lui épargner la peine de mort ou l’internement à vie. L’artiste populaire est ainsi acquitté et quitte la salle d’audience sous de vifs applaudissements.
Eadweard Muybridge entre alors dans la période la plus prolifique de sa carrière. Il voyage en Amérique Centrale sous le nom d’Eduardo Santiago et y réalise des prises de vue extrêmement personnelles et artistiques. Après d’innombrables pérégrinations, il entame les plus célèbres de ses séries de photographies à l’Université de Pennsylvanie : « The Human Figure in Motion » et « Animals in Motion ». Entre 1883 et 1886, Eadweard Muybridge prendra plus de 100 000 clichés.
Il est officiellement scientifique, mais la poésie du mouvement en soi l’obsède de plus en plus. Il réalise parfois des portraits animés stimulants, presque érotiques ; il est particulièrement attentif aux détails et se prête au jeu de nombreux autoportraits. Il aime également figer le mouvement en plaçant des caméras autour d’un objet en chute libre – un procédé qui est encore utilisé aujourd’hui.
Jusqu’à la fin de sa vie, Eadweard Muybridge voyage aux quatre coins du monde pour donner des conférences et des présentations de ses « films » à l’aide de son zoopraxiscope. Il a une influence incontestable sur certains de ses contemporains tels que Degas ou Einstein et continue à vivre dans les œuvres d’artistes tels que Sol Lewit, Marcel Duchamps, Francis Bacon, Andy Warhol, Philip Glass et David Byrne, parmi tant d’autres.